L'Emir
inaugure le Forum interreligieux de Doha
S.A
Cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani a ouvert mercredi 29 juin
2005 la troisième conférence de Doha sur le dialogue entre
les religions. Dans son discours d’ouverture il a demandé «
que les discussions de cette édition 2005 aillent au-delà
des généralités pour se concentrer sur une analyse
approfondie de toutes les questions soulevées, afin que nous
nous connaissions de manière plus profondes et que nos
relations soient fondées sur le respect mutuel ».
Appelant ensuite les invités à ne pas « mépriser les
croyances des autres », S.A Cheikh Hamad bin Khalifa Al
Thani a rappelé que des devoirs à accomplir avaient été «
dictés par Dieu le Tout Puissant -la connaissance de l’autre
et la coopération entre les hommes de confessions
différente- car Dieu a créé l’Homme pour bâtir la terre et y
établir la justice ». « C’est une responsabilité conjointe
des tous les êtres humains sans distinction », a-t-il
ajouté.
Conscient que « tout dialogue interreligieux est d’une
sensibilité particulière, qu’un climat de méfiance a
longtemps prévalu à l’encontre des musulmans », le chef de
l’état qatarien a ensuite présenté ce qui représente pour
lui « l’une des difficultés majeure à dépasser pour rendre
ce dialogue fructueux : le problème psychologique de
l’héritage culturel».
Pour
l’Emir du Qatar, cette question mérite une attention
particulière dans la mesure ou « tout dialogue, pour qu’il
soit productif, doit reposer sur la réalité des choses et
non sur ce que l’on aimerait que cette réalité soit ». « Il
est indispensable de partir du réel pour espérer
l’influencer lors de ces discussions », a-t-il souligné.
«
Dans ce domaine, nous constatons souvent que les études qui
se penchent sur l’Islamisme négligent la dimension
culturelle de ce phénomène qui rejette l’hégémonie des pays
du Nord et la marginalisation du peuple musulman fier de ses
symboles et de ses références culturelles », a-t-il
poursuivit, notant que « la logique orientaliste fondée sur
la mise en relief des contradictions entre Orient et
Occident allait même parfois jusqu’à l’extrême, jusqu’au
racisme à l’égard de tout ce qui n’est pas issu de
l’occident ». « Ces attitudes doivent forcément être
modifiées », a insisté S.A Cheikh Hamad.
La
conférence de Doha doit donc, lors de ses débats, « faire
une révision de l’histoire arabo-islamique en prenant en
compte l’enchaînement des évolutions socio-économiques et
politiques afin de cesser d’expliquer le phénomène islamique
moderne comme étant une simple réaction conservatrice et
réactionnaire contre le changement et la modernité », a
ensuite insisté le chef de l’état.
Invitant tous les participants à faire preuve d’une volonté
sérieuse de communication et d’ouverture à l’égard des
autres religions, l’Emir a enfin demandé que « le dialogue
se fonde sur des points communs entre l’Islam, le
christianisme et le judaïsme qui se sont entrecroisées dans
l’histoire humaine ».
En
guise de conclusion, S.A Cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani a
définit trois axes de travail susceptibles de permettre à
cette conférence interreligieuse de produire de réels effets
:
1- Développer la connaissance mutuelle entre les trois
religions du livre, « en traduisant leur références de base
en langue arabe ainsi que dans d’autres langues étrangères.
Dans ce domaine, nous pouvons notamment créer des
institutions culturelles communes destinées à accomplir
cette mission », a-t-il suggéré.
2- Mettre l’accent sur les sujets sociaux et culturels afin
de favoriser le rapprochement et la coopération souhaitée. «
Dans cette perspective, il est important d’aborder le rôle
des femmes dans la société pour tenter de comprendre les
moeurs des sociétés islamiques parfois faussement jugées, à
cause d’idées préconçues ou de l’ignorance », a expliqué
l’Emir, ajoutant que cette question était « préalable à tout
débat sur la religion et la modernité ».
3- Enfin, trouver des moyens d’action pour « coopérer et
trouver une solution aux conflits chroniques dont la fin
pourrait rétablir l’harmonie et la paix».
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